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Baisse des taux de la BCE : quels impacts concrets sur l’économie et le crédit immobilier ?

Le 6 mars 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé la poursuite de son cycle d’assouplissement monétaire en abaissant son principal taux directeur à 2,5 %, contre 2,75 % auparavant. Cette mesure, qui prendra effet le 12 mars, marque la sixième baisse consécutive depuis l’été 2024. Elle s’inscrit dans un contexte économique tendu, où la croissance demeure faible, l’inflation ralentit progressivement, et où la BCE tente de redonner de la souplesse au crédit pour relancer l’investissement et la consommation. Cette orientation stratégique vise notamment à réduire le coût du crédit, avec des effets déjà visibles sur le marché immobilier. En parallèle, elle soulève de nombreuses interrogations sur la capacité de la BCE à maintenir cet équilibre dans la durée, alors que les incertitudes restent nombreuses, tant sur le plan économique que géopolitique.

Un levier de relance face à une inflation sous contrôle

L’évolution des taux directeurs est directement liée à la trajectoire de l’inflation. Selon Eurostat, celle-ci s’établissait à 2,4 % en février 2025, contre 2,5 % en janvier. Cette décrue, bien qu’encourageante, reste fragile. Les prix de l’énergie et des biens industriels se stabilisent, mais certains secteurs continuent à tirer l’inflation vers le haut : les services et les produits alimentaires non transformés affichent respectivement des hausses de 3,7 % et 3,1 %.

Face à ce constat, la BCE maintient son objectif de ramener durablement l’inflation autour de 2 %, tout en reconnaissant les limites structurelles qui compliquent cette trajectoire : vieillissement de la population, tensions sur le marché du travail, ou encore productivité en baisse.

Le crédit immobilier redémarre sous l’effet des taux bas

L’impact le plus tangible de cette politique monétaire concerne le crédit immobilier, qui commence à profiter du nouvel environnement de taux. Depuis mi-2024, les taux d’emprunt ont reculé d’environ un point, redonnant espoir à de nombreux ménages et investisseurs. Pour un emprunt de 200 000 euros, une baisse d’un point peut représenter jusqu’à 30 000 euros d’économies.

Cette dynamique relance la capacité d’emprunt des acquéreurs, rendant plus accessibles certains projets mis en pause. Les banques, plus enclines à prêter, réactivent la concurrence sur les taux, avec des offres désormais en dessous de 3 %, voire proches de 2 % pour les meilleurs profils.

Résultat : le marché immobilier montre des signes de reprise. Selon les estimations, le volume de crédits immobiliers accordés pourrait progresser de 10 à 15 % en 2025, après une période de net ralentissement en 2023-2024. Les primo-accédants comme les investisseurs sont les premiers à bénéficier de ce rebond.

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Une politique efficace mais sous tension

Bien que cette stratégie monétaire porte déjà ses fruits, elle n’est pas sans risque. En recentrant son action sur le taux de dépôt, la BCE adapte sa politique à une économie encore marquée par une surabondance de liquidités. Mais cette orientation a un coût : l’institution a enregistré une perte record de 8 milliards d’euros en 2024, pour la deuxième année consécutive.

À cela s’ajoute un contexte mondial complexe. Alors que la BCE baisse ses taux, la Réserve fédérale américaine les maintient à des niveaux élevés. Cette divergence de stratégie pèse sur l’euro, renchérit les importations européennes, et pourrait contrecarrer l’effet attendu sur l’inflation. En parallèle, certaines politiques budgétaires nationales — comme les investissements massifs de l’Allemagne — risquent de raviver des pressions inflationnistes dans la zone euro.

Les décisions à venir seront donc prises avec précaution. Christine Lagarde a rappelé que la BCE n’exclut pas de nouveaux ajustements, mais que ceux-ci seront décidés réunion par réunion, en fonction des données disponibles.

En bref

La baisse du taux directeur à 2,5 % décidée par la BCE marque une étape importante dans la stratégie de relance économique en zone euro. Elle favorise clairement le retour du crédit, notamment dans le secteur immobilier, en améliorant la capacité d’emprunt des ménages et en stimulant la demande. Cependant, cette politique reste encadrée par un environnement instable, une inflation partiellement maîtrisée, et des contraintes internes à la BCE. Si les conditions actuelles sont favorables pour les emprunteurs, la vigilance reste de mise. L’évolution des taux, des marchés et des indicateurs macroéconomiques conditionnera la suite du cycle monétaire.