En matière immobilière, le choix du contrat de location dépend de l’usage du bien et du statut juridique des parties. Il existe plusieurs formes de baux, chacun répondant à des finalités spécifiques : habitation, activité commerciale, usage professionnel ou encore agricole. Voici un guide complet pour comprendre les principaux baux immobiliers, leurs spécificités et leurs conditions d’application.
Le bail d’habitation
Un cadre protecteur pour le locataire
Le bail d’habitation s’applique à la location d’un logement utilisé comme résidence principale. Il est régi par la loi du 6 juillet 1989, qui encadre les droits et obligations des parties. Le contrat doit mentionner la durée, le montant du loyer, les modalités de révision, le dépôt de garantie et les diagnostics obligatoires.
Durée, renouvellement et congé
La durée minimale du bail est de 3 ans (pour les bailleurs personnes physiques) ou 6 ans (pour les personnes morales). Le renouvellement se fait tacitement, sauf congé notifié par l’une des parties dans les délais prévus. Le locataire peut résilier à tout moment avec un préavis de 3 mois (ou 1 mois en zone tendue).

Le bail meublé
Conditions et contenu du logement
Le bail meublé concerne les logements comportant l’ameublement nécessaire à une occupation immédiate (lit, vaisselle, réfrigérateur…). Il s’adresse principalement aux étudiants, jeunes actifs ou personnes en mobilité. La durée minimale est d’un an (ou 9 mois sans renouvellement pour les étudiants).
Avantages fiscaux et flexibilité
Les revenus générés relèvent du régime BIC, souvent plus avantageux que les revenus fonciers du bail nu. Le loyer est librement fixé, et le préavis de départ est d’un mois pour le locataire. Le bail meublé offre donc davantage de flexibilité, en contrepartie d’une durée plus courte.

Le bail commercial
Un cadre protecteur pour l’activité économique
Le bail commercial permet l’exploitation d’un fonds de commerce dans des locaux loués. Il est encadré par les articles L.145-1 et suivants du Code de commerce. Il est conclu pour une durée minimale de 9 ans, avec un droit au renouvellement pour le locataire.
Révision et renouvellement
Le loyer peut être révisé tous les trois ans (révision triennale) selon des indices comme l’ILC ou l’ICC. En cas de refus de renouvellement du bail sans motif légitime, le locataire a droit à une indemnité d’éviction. Le bail commercial est très protecteur pour le preneur, notamment dans la valorisation de son droit au bail.
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Le bail professionnel
Un bail pour les professions libérales
Le bail professionnel s’adresse aux professions non commerciales : médecins, avocats, experts-comptables, architectes, etc. Il concerne l’occupation de locaux à usage exclusivement professionnel, pour une durée minimale de 6 ans.
Résiliation et particularités
Le locataire peut résilier à tout moment avec un préavis de 6 mois. Le bailleur, quant à lui, doit attendre l’échéance du bail. Le contrat ne donne pas droit au renouvellement automatique. Il peut prévoir une révision du loyer, mais sans les mécanismes propres au bail commercial.

Le bail rural
Encadrement strict pour le monde agricole
Le bail rural s’applique à la location de terres et bâtiments agricoles. Il est régi par le Code rural et concerne exclusivement l’exploitation agricole. Il est conclu pour une durée minimale de 9 ans, souvent reconduite automatiquement.
Protection du preneur
Le preneur dispose de droits importants : droit au renouvellement, droit de préemption en cas de vente, possibilité de transmettre le bail à un descendant exploitant. Le loyer est encadré par des barèmes préfectoraux et ne peut être fixé librement.
Le bail emphytéotique
Un droit réel immobilier sur le long terme
Le bail emphytéotique confère un droit réel au preneur pour une durée de 18 à 99 ans. Le preneur peut hypothéquer, céder ou transmettre ce droit. En échange, il s’engage à entretenir, améliorer ou construire sur le terrain loué.
Applications stratégiques
Utilisé dans les partenariats publics-privés, les projets de développement local ou les institutions religieuses, ce bail permet au propriétaire de garder la nue-propriété tout en facilitant des projets d’envergure.
Le bail à construction
Obligation de bâtir
Le bail à construction oblige le locataire à édifier des constructions sur le terrain mis à disposition. Ces constructions appartiendront au bailleur à l’échéance du contrat, conclu pour une durée de 18 à 99 ans.
Utilisation pour l’aménagement urbain
Ce type de bail est souvent utilisé par les collectivités pour favoriser le développement sans céder leur foncier. Il permet également aux entreprises de dissocier investissement foncier et exploitation.

Le bail dérogatoire au bail commercial (bail précaire)
Une durée courte et encadrée
Le bail dérogatoire, aussi appelé bail précaire, permet de louer un local pour une activité commerciale ou artisanale sans bénéficier du statut protecteur du bail commercial. Il est strictement limité à une durée de 3 ans maximum, non renouvelable. Ce bail est particulièrement adapté aux tests d’activité, occupations temporaires ou situations transitoires.
Pour être valable, il doit être conclu avant l’entrée dans les lieux et mentionner expressément qu’il s’agit d’un bail dérogatoire excluant le statut des baux commerciaux.
Risques et précautions juridiques
À l’expiration du bail, si le locataire reste dans les lieux et que le bailleur ne réagit pas, un bail commercial peut naître automatiquement par l’effet de la loi. Il est donc crucial de veiller à la sortie effective du locataire, ou à conclure un nouveau contrat dans les délais.
Le bail précaire offre une souplesse temporaire, mais il nécessite une vigilance contractuelle stricte. Il est souvent utilisé dans l’événementiel, les boutiques éphémères ou les périodes de transition avant cession ou restructuration.
FAQ – Comprendre les subtilités des différents types de baux immobiliers
Peut-on transformer un bail d’habitation en bail professionnel ?
Oui, mais cela suppose un changement d’usage du local et parfois une autorisation administrative, notamment dans certaines communes où la réglementation d’urbanisme limite les modifications de destination. Il faut également l’accord explicite du bailleur et modifier le contrat en conséquence.
Un bail peut-il être verbal ?
En théorie, certains baux peuvent être conclus verbalement, mais cela expose les parties à de fortes insécurités juridiques. En pratique, un bail écrit est fortement recommandé pour prouver les termes de l’accord, notamment la durée, le loyer, et les obligations réciproques.
Quelle différence entre un bail professionnel et un bail commercial sur un plan fiscal ?
Les revenus issus d’un bail commercial sont généralement imposés dans la catégorie des revenus fonciers pour le bailleur particulier, sauf option pour le régime des BIC. Le bail professionnel, quant à lui, peut offrir une fiscalité plus souple, notamment si le local est utilisé pour une activité non commerciale.
Peut-on céder un bail rural ?
La cession d’un bail rural est très encadrée. Elle est possible dans certaines conditions, notamment au profit d’un descendant ou d’un proche déjà engagé dans une activité agricole. Elle nécessite souvent l’accord du bailleur et peut être soumise à homologation.
Le bail emphytéotique permet-il au preneur de revendre son droit ?
Oui, le preneur dans un bail emphytéotique peut céder son droit à un tiers. Ce droit réel immobilier peut être transmis, hypothéqué ou apporté à une société, ce qui en fait un outil attractif dans les opérations patrimoniales ou d’investissement.
Le bail à construction peut-il être utilisé pour une résidence principale ?
Ce n’est pas sa finalité première. Le bail à construction vise à permettre des opérations immobilières d’envergure, souvent dans un cadre professionnel ou public. Son usage pour une résidence principale est rare et techniquement complexe.
Existe-t-il une durée minimale pour un bail verbal ?
En l’absence de contrat écrit, la durée est présumée être de un an pour un logement vide et de neuf mois pour un meublé étudiant, mais cela peut être contesté. Cette situation est déconseillée car elle peut générer des litiges difficiles à résoudre.
Quel bail pour installer une activité saisonnière ou temporaire ?
Le bail dérogatoire (ou précaire) est le plus adapté pour ce type d’usage. Il permet de louer un local pour une courte durée sans entrer dans le cadre strict du bail commercial. Il est souvent utilisé pour les pop-up stores, ventes événementielles ou les galeries temporaires.

Alicia GRAU
Directrice Générale Haussmann Evaluation
Expert immobilier
Expert agréé CEIF
Expert agréé SNPI
Expert accrédité TEGOVA
Membre de la Chambre des Experts Immobiliers de France (CEIF)
Membre du collège des experts immobiliers (SNPI)
Master 2 en droit immobilier de l’Université Jean Moulin Lyon III
Spécialisation « estimation des immeubles » à l’ICH