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Activité commerciale non conforme : quelles conséquences pour le preneur ?
Activité commerciale : La stricte conformité, condition essentielle au maintien de votre bail
Votre activité commerciale doit correspondre à votre bail et Kbis ! Découvrez comment une non-conformité peut vous faire perdre votre droit au renouvellement du bail et votre indemnité d’éviction. Restez vigilant !
Le principe de concordance : une exigence fondamentale du statut des baux commerciaux
L’adéquation entre activité exercée et immatriculation
Le droit des baux commerciaux, régi par le Code de commerce, confère une protection significative aux locataires, notamment à travers le droit au renouvellement du bail. Cependant, cette protection est conditionnée par une exigence fondamentale : la stricte adéquation entre l’activité réellement exercée dans les locaux loués et celle qui est autorisée par la clause de destination du bail, mais aussi par l’activité déclarée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). L’article L.145-1, I du Code de commerce dispose clairement que le statut s’applique aux fonds de commerce effectivement exploités et immatriculés. Cette immatriculation ne doit pas être une simple formalité : elle doit refléter fidèlement la réalité de l’activité. La jurisprudence, et notamment un arrêt notable de la Cour de cassation du 22 septembre 2016 (Cass. 3e civ., n° 15-18456), insiste sur le fait que cette concordance doit être effective au moment clé de la demande de renouvellement du bail.
Les conséquences d’une divergence : perte du droit au renouvellement et de l’indemnité d’éviction
La non-conformité entre l’activité déclarée et l’activité réelle peut avoir des répercussions juridiques et financières dramatiques pour le preneur. L’affaire ayant mené à l’arrêt de 2016 est illustrative : un locataire, immatriculé pour la vente d’objets d’art, mais exerçant en réalité une activité de vente d’objets touristiques courants, s’est vu refuser le renouvellement de son bail. La Cour de cassation a jugé que cette divergence, même si elle pouvait sembler mineure, faisait obstacle à l’application du statut protecteur des baux commerciaux. Plus important encore, cette non-conformité peut entraîner non seulement la déchéance du droit au renouvellement du bail, mais aussi la perte de l‘indemnité d’éviction, qui est pourtant un droit essentiel censé compenser le préjudice subi par le locataire en cas de non-renouvellement. Et ce, sans que le bailleur n’ait l’obligation de mettre préalablement en demeure le locataire de régulariser sa situation.
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Une vigilance indispensable pour les locataires commerciaux
Le principe de spécialité de l’immatriculation
Cette exigence de concordance s’inscrit dans le cadre du principe de spécialité de l’immatriculation. Ce principe implique que l’inscription au RCS n’est valide que pour l’activité précisément désignée. Toute divergence entre l’activité réellement exercée dans les locaux et celle qui est enregistrée constitue un manquement sérieux, que le bailleur est en droit d’invoquer pour contester l’application du statut protecteur des baux commerciaux. Il est donc impératif pour le locataire de s’assurer d’une stricte cohérence entre trois éléments fondamentaux : la clause de destination de son bail commercial, l’activité effectivement exercée au quotidien, et l’activité déclarée sur son extrait Kbis.
Les risques encourus et la nécessité d’une gestion rigoureuse
En cas de non-respect de cette triple concordance, le preneur s’expose à de graves conséquences : non seulement une possible action en résolution du bail (sa résiliation anticipée), mais aussi la déchéance de son droit au renouvellement, et, comme mentionné précédemment, la privation de l’indemnité d’éviction. Cette jurisprudence est un rappel sévère à la vigilance pour tous les locataires commerciaux. Une simple négligence administrative ou un décalage entre l’activité réelle et celle déclarée au RCS peut avoir des conséquences économiques considérables, pouvant aller jusqu’à la perte pure et simple des droits attachés au statut des baux commerciaux. Il est donc crucial de maintenir une gestion administrative rigoureuse de son entreprise, notamment en ce qui concerne la déclaration de son activité principale.